Aider les entreprises innovantes à forte croissance à accéder au capital de risque dont elles ont besoin en établissant de nouveaux fonds là où il y a des lacunes.
La vision du groupe d'experts
Les entreprises innovantes et en plein essor ont besoin de capital de risque. Pourtant, beaucoup trop d'entreprises canadiennes axées sur l'innovation et susceptibles d'enregistrer une forte croissance ne sont pas en mesure d'accéder au financement nécessaire pour réaliser ce potentiel. Le gouvernement du Canada peut jouer un rôle important pour de telles entreprises, en facilitant l'accès à une réserve accrue de capital de risque.
Comment y parvenir
Pour concrétiser cette vision, le groupe d'experts recommande ce qui suit.
5.1 Stade de prédémarrage – Inviter la Banque de développement du Canada (BDC) à allouer une plus grande part de son portefeuille au stade de prédémarrage, préférablement sous la forme d'un fonds d'« accompagnement », de concert avec des groupes d'anges financiers.
5.2 Stades ultérieurs du développement – En appui à l'industrie du capital de risque et de l'investissement en capital du secteur privé, fournir à la BDC de nouveaux capitaux pour appuyer le développement de fonds de capital de risque et de fonds de capital de croissance de plus grande ampleur pour les stades ultérieurs de développement. Ces fonds se spécialiseraient dans les transactions d'une valeur de 10 millions de dollars et plus; ils seraient administrés par le secteur privé et assujettis à des pratiques de gouvernance appropriées.
Les recommandations précédentes, illustrées à la figure 7.3, reflètent le point de vue du groupe d'experts sur les sources de faiblesses dans la chaîne de financement. Toutefois, comme l'a souligné Josh Lerner, un analyste américain respecté dans le domaine du marché du capital de risque, l'intervention gouvernementale doit être soigneusement structurée pour en assurer l'efficacité (Lerner, 2009) 11. Les recommandations ont donc été formulées en gardant à l'esprit les facteurs suivants.
Compte tenu de ce qui précède, le groupe d'experts recommande que la BDC établisse un fonds national d'« accompagnement » pour les investissements des anges financiers – c'est-à-dire une mise en commun de capitaux engagés qui accompagnent un groupe d'investisseurs ou sont investis dans son sillage. Le fait de travailler avec des groupes d'investisseurs (plutôt que des particuliers) donne lieu à des économies d'échelle et favorise des investissements de plus grande qualité, grâce à l'accès à une plus vaste gamme d'expertise. La contribution de la BDC au fonds proviendrait de ses ressources existantes; les groupes d'anges financiers verseraient au moins 50 cents pour chaque dollar de financement octroyé par la BDC, bien que le rapport de financement approprié varierait vraisemblablement d'un secteur à l'autre. Afin d'encourager une participation suffisante, il pourrait s'avérer nécessaire de fournir une structure financière attrayante pour attirer des partenaires privés et institutionnels, et inciter les gestionnaires de fonds du secteur privé à investir dans des entreprises canadiennes innovantes à forte croissance. Selon l'une des options, le gouvernement offrirait à ses partenaires un rendement à effet de levier en échange du risque accru qu'ils prendraient. Cette approche a été adoptée par un certain nombre de pays, comme décrit ci-dessous.
Afin d'améliorer l'accès au capital de risque aux stades ultérieurs du développement, le groupe d'experts recommande que le gouvernement investisse dans des fonds du secteur privé pour encourager la création de fonds de plus grande taille. L'état actuel du marché du capital de risque donne à croire que le gouvernement pourrait devoir adopter une structure financière qui encourage le co-investissement privé/institutionnel en améliorant le rapport risque-récompense avec lequel doivent composer ces investisseurs, comme nous l'avons expliqué plus haut. Le gouvernement devrait créer des fonds en vue de fournir un financement de contrepartie aux fonds privés à hauteur d'au moins un dollar pour chaque dollar investi.
L'intention n'est pas de créer un seul grand fonds, mais plutôt d'encourager un plus grand nombre de fonds, de plus grande taille, pour appuyer le capital de risque aux stades ultérieurs du développement. Les entrevues avec les gestionnaires de fonds indiquent que, bien que la taille optimale des fonds varie d'un secteur à l'autre, les fonds de plus grande taille sont plus efficaces puisque les entreprises peuvent être financées des premiers aux derniers stades, tout en établissant un portefeuille diversifié. Ces économies d'échelle semblent toutefois s'épuiser relativement vite : les meilleurs rendements aux États-Unis sont obtenus sur des fonds de 200 à 300 millions de dollars (BDC, 2011, p. 13). Les entrevues du groupe d'experts avec des gestionnaires de fonds de retraite montrent qu'il est plus efficace de concentrer les fonds sur des secteurs particuliers. Le gouvernement devrait déployer le financement supplémentaire par étapes, en vue d'évaluer périodiquement l'efficacité du soutien.
11 Le titre du récent ouvrage de Josh Lerner sur le capital de risque est très révélateur – Boulevard of Broken Dreams [Le boulevard des rêves brisés] – et le sous-titre l'est encore plus – Why Public Efforts to Boost Entrepreneurship and Venture Capital Have Failed – and What to Do about It [Pourquoi les efforts du secteur public visant à stimuler l'entrepreneuriat et le capital de risque ont échoué – Et que faire pour régler le problème]. (Retour au renvoi 11)